Elisabeth ROBERT-MATHIEU
Elisabeth MATHIEU
1923-2002
ou un essai de biographie avec toute ma tendresse !!!
Elle est née le 25 septembre 1923 à Cirey les Mareilles (52) en bas du village, route de Bourdons dans la maison ci-dessus.
Elle est la fille de Jules Justin ROBERT et d'Isabelle Anne BERNAND mariés le 14 mai 1921 à Signéville (52).
Jules ROBERT
Jules ROBERT est veuf avec 2 petites filles Rosa et Yvette, sa première épouse Cécile Alida Emma POTHIER est décédée le 23 septembre 1918 à Cirey.
Pour Jules ROBERT, la guerre de 14-18 c'est quatre années de campagnes difficiles avec plusieurs blssures dues à des obus. Après la guerre, il reprend son métier de cultivayeur mais son état de santé n'est pas très bon.
Il se remarie donc avec Isabelle BERNAND. Elisabeth ROBERT naît le 25 septembre 1923 et Jules décède le 14 décembre 1926 à Cirey dans la maison ci-dessus en haut de l'article.
Isabelle BERNAND
Ce ne seront pas des moments faciles. Isabelle BERNAND se brouille quelque peu avec les parents de son époux car personne n'est satisfait de la succession de Jules.
Articles de la succession attribués à Isabelle (j'ai respecté l'orthographe originale):
VACHES :
- Jaunotte 3 000
- Fifine 4 400
- Fleurette 4 500
- Bouquette 2 700
- Charmante 3 200
- Petite 2 000
- Grivelle 2 500
- Fadette 2 500
- Noirotte 3 200
- Génisse 600
- Génisse 900
- Génisse 950
- Génisse 1 050
- Taureau vendu 1 550
- Génisse 1 400
- Génisse 1 800
- Génisse 2 250
- Génisse 2 300
- Vache Rougeotte 2 700
CHEVAUX
1 Coquette 2 500
2 Frivole 5 500
3 Bichette 600
4 Charmille 5 500
5 Paquerette 1 900
6 Barnum 1 200
Un tuteur est nommé pour Elisabeth du fait de son jeune âge. Il s'agit d'Edmond MENETRIER négociant à Andelot, fonction de tuteur qu'il a acceptées "aux termes de la délibération du Conseil de famille tenu sous la présidence de Monsieur le juge de Paix du Canton d'Andelot le 6 janvier 1927 et se portant également fort pour ladite mineure."
sic in Partage entre Madame Jules ROBERT et les Consorts Robert
Isabelle BERNAND-ROBERT ne se remariera jamais.
Elisabeth ROBERT est au dernier rang à droite avec une petite flèche.Devant elle son demi-neveu Hubert TRUFFOT fils de Rosa sa demi-sœur. Monique MONSEL la sœur d'Hubert se trouve aussi sur la photo mais je ne l'ai pas identifiée.
Elle poursuit sa scolarité à Chaumont comme pensionnaire.
Voici sa liste de fournitures :
- 1 carnet de correspondance
- fournitures de couture et géométrie
- livres d'occasion
- 1 équerre
- buvard
- 5 feuilles papier bleu
- étiquettes
- 1 boîte peinture
- 1 carnet
- 1 papier collant
- 1 cahier brouillons
- 1 feuille papier transparent
- 1 encre de chine
- 1 porte-plume à dessin
- 1 méthode écriture
- 1 grammaire
- 1 arithmétique
Elisabeth ROBERT (à droite) avec ses grand-parents ROBERT, sa demi-cousine Monique TRUFFOT-MONSEL et son demi-cousin Hubert TRUFFOT.
Photo personnelle de l'auteur
La vie de la mère et de la fille n'est pas facile.Il faut jongler avec la scolarité, les travaux de la ferme et la mauvaise santé d'Isabelle qui fait de grosses migraines à répétitions.
La guerre arrive trouvant Elisabeth et sa mère demeurant à Chaumont.
"Nous recevions des tickets de rationnement par Elisabeth ROBERT de CHAUMONT.
J'ajoute également que pour communiquer avec nos parents, il nous était impossible d'écrire directement à Cirey car tout le pays aurait deviné que nous étions clandestins dans le sud, alors qu'il fallait faire croire que nous étions bien en Allemagne et qu'il n'était guère possible de donner des nouvelles. Pour ce faire Elisabeth était notre boîte aux lettre et nous gardions dons librement le contact avec nos parents.
C'est aussi grâce à elle que nous avons eu de fausses cartes d'identité puisque je suis devenu, pour un temps, Marc VIAL, né le 10 JANVIER 1925 à TROYES, Guy se prénommait Henry …, cela nous a facilité la vie et la possibilité de nous déplacer car la zone dite libre, était quand même occupée par les allemands. "
…/ …
"A la mi-novembre nous avons à ORANGE pris le train pour CHAUMONT, arrivés en gare il faut être rapide, vite fait pour ne pas être reconnu par d'anciennes connaissances, nous sommes partis chez Elisabeth qui habitait boulevard Thiers à quelques centaines de mètres de la gare. Le soir Madame ROBERT et sa fille nous ont accompagnés jusqu'à RECLANCOURT où était un poste de garde allemand sur le canal qui servait de séparation de la zone rouge à la zone occupée. Sans trop de difficultés les allemands nous laissèrent passer et avec les vélos de nos convoyeuses nous avons gagné CIREY au milieu de la nuit, alors qu'elles repartaient à pied vivement pour être rentrées chez elles avant l'heure du couvre-feu. "
Vital MATHIEU
Près de la gare en 1944, après les bombardements américains.
Source : Mairie de Chaumont 52
A Chaumont, Elisabeth ROBERT fréquente le cours PIGIER où elle fait des études de comptabilité. Ce qui lui sera très utile par la suite.
Le 24 avril 1946 Vital MATHIEU épouse Elisabeth ROBERT à Cirey les Mareilles.
Vital MATHIEU, de plus petite taille que son épouse, est monté sur une brique. Le voile de la mariée cache pudiquement le subterfuge…Photo source familiale
Elisabeth MATHIEU donc, pour une femme de sa génération est une personne de grande taille. Pointure 42, peu courant aussi pour sa génération !!!
Elisabeth et Vital créent un petit magasin "le fruit d'or" avenue de la République à Saint-Dizier dans le quartier de la Noue où ils vendent pas mal de choses : des fruits et légumes provenant de Cirey les Mareilles et des environs, de la vaisselle en faïence etc …
Michèle et Marie-Christine, les deux filles aînées y naissent. Elles sont des bébés de Mademoiselle LEFEVRE qui a accouché une bonne partie des femmes de Saint-Dizier.
Pour garnir sont magasin, Vital s'en va acheter de la marchandise aux Halles de Paris. Elisabeth reste au magasin pour s'occuper de la vente. Elle prend en charge la comptabilité.
Les affaires prospérant, Vital et Elisabeth déménagent rue Maréchal de Lattre de Tassigny. Locaux plus grands, maison d'habitation plus grande nécessaire avec la venue de Pascale. Puis Jean-Louis s'annonce. Pascale doit céder son petit lit au bébé qui va arriver. Elle le reprochera encore à son frère de nombreuses années plus tard. C'est toujours Mademoiselle LEFEVRE qui accouche Elisabeth. Elle a officié sur Saint-Dizier jusque dans les années 1984.
L'hiver 1957 est extrêmement glacial. Le canal gèle durant plusieurs semaines. Le jour de la naissance de Jean-Louis, Elisabeth porte des caisses d'oranges quelques heures avant d'accoucher.
On continue d'agrandir le magasin en "délocalisant" les pièces de vie à l'étage. La maison MATHIEU est connue comme "La maison de la pomme de terre". A la Toussaint, on y vend des chrysanthèmes, à Noël des sapins, aux rameaux des cinéraires …Et puis, et puis … besoin de s'agrandir encore et encore. La maison de la rue de Lattre est devenue trop exigüe.
Vital et Elisabeth revendent la rue de Lattre à la Doctrine Chrétienne. La maison d'habitation devient le réfectoire de l'établissement scolaire. Ils achètent le 112 Alsace Lorraine à Louis CHANZY. Une maison d'habitation spacieuse et confortable, des locaux énormes avec une mûrisserie de bananes, un grand hangar pour ranger les camions, des bureaux et une grande salle de réunion où l'on peut faire la fête avec un personnel de plus en plus nombreux, secrétaire, chauffeurs, livreurs…En déménageant le commerce devient MATHIEU Vital SA.
Elisabeth se retrouve installée confortablement dans un bureau vitré qui surplombe la cour où passent les camions, les employés, les clients.. Un grand comptoir, du chauffage, de la luminosité. Une ouverture sur le côté droit donne sur le quai de chargement. Côté gauche, une porte donne sur le garage qui lui-même donne sur la cuisine de la maison… Elle peut quitter facilement le bureau pour s'occuper de sa famille.
L'affaire prospère, Il y a 9 employés. Les camions tournent à plein. Levé tôt, couché tard, Vital est toujours sur le pont avec Elisabeth. Le besoin de simplifier au niveau de la comptabilité se fait sentir, l'achat d'une machine comptable BURROUGHS est nécessaire pour faciliter la facturation et permettre à Elisabeth d'être plus disponible.
1971 on fait le mariage de Michèle avec Albert ACKERMANN à Saint-Dizier.
Les petits enfants arrivent :
1972 Simon
1973 mariage de Marie-Christine avec Pierre BANON à Saint-Dizier.
1974 Isabelle et Valérie
1975 Matthieu et Benjamin
En vieillissant, sa mère Isabelle BERNAND vient habiter chez sa fille et son gendre. Au-dessus du garage, entre le bureau et la cuisine, il y a un petit appartement qui lui est dévolu. Elle vient à tout moment de la journée chez ses enfants. Pas facile pour l'entente familiale mais Vital est un gendre très conciliant…
Isabelle ROBERT décharge sa fille des tâches ménagères et puis il faut bientôt embaucher une femme de ménage. Ce sera Suzanne qui est une cousine éloignée d'Elisabeth. Elle sera aussi un peu la nounou de Pascale et Jean-Louis.
1977 mariage de Pascale avec Francis ARNOULD à Saint-Dizier
1978 Arnaud
Isabelle ROBERT décède à Saint-Dizier le 19 juin 1979 après une chute où elle se fracture le col du fémur.
Monument funéraire de Jules Justin ROBERT et de ses deux épouses
Cécile POTHIER
Isabelle BERNAND
Cimetière de Cirey les Mareilles 52
Photo personnelle de l'auteur
1979 Grégoire
1980 mariage de Jean-Louis avec Monique SAVINA à Brest
1980 Marie Elisabeth
Elisabeth et Vital prennent leur retraite en cédant leur affaire à Pascale et Francis leur fille et gendre. Ils quittent leur maison du 112 avenue Alsace Lorraine pour demeurer le "château" du Clos Mortier une belle maison de maître de forges non loin de l'avenue Alsace Lorraine.
Quand je dis prennent leur retraite c'est un euphémisme, car Vital ayant constitué un patrimoine immobilier (maisons, appartements, meublés, locaux commerciaux, panneaux d'affichage…), la gestion de ce patrimoine requiert beaucoup de temps et d'énergie.
Tout au long de leur vie, Elisabeth et Vital gardent un sens aigu de la famille et leur porte reste toujours ouverte pour chacun. Les liens familiaux ont pour eux un très grand sens.
La famille MATHIEU-ROBERT au château du Clos Mortier mai 1986
sur le perron de devant.
Photo personnelle de l'auteur
1982 Romain
1983 Maryvonne
1984 Sylvain
1990 Hyppolyte
1993 Félix
30 janvier 1994 Décès de Vital après 6 mois d'une "longue maladie" qui laisse Elisabeth épuisée et seule!!!
Son énergie reste cependant intacte. Elle continue sans faillir l'œuvre de son mari en gérant le patrimoine immobilier, en s'occupant de ses enfants, ses petits-enfants et arrière petits-enfants.
13 des 14 petits-enfants Noël 1990 Photo source familiale .
" Mes Chers Enfants et Petits Enfants
Tout d'abord, merci pour les merveilleux témoignages des uns et des autres arrivés le jour J à Saint-Dizier et aussitôt transmis à Nayemont; j'ai apprécié avec beaucoup de joies et de sourires !
Merci aussi d'avoir si bien répondu à mon humble invitation, c'est encore du bonheur !
Il y a 52 ans avec Vital, nous avons fondé notre famille qui au fil des ans, s'est agrandie de quatre enfants.
Avec vos époux, épouses vous nous avez comblés de 14 petits enfants magnifiques et apportés beaucoup de joie, quelquefois des soucis aussi , mais ce n'est rien à comparer à tous ces petits et grands bonheurs si fructueux et bénéfiques.
Les années passent, la famille s'étoffe avec la venue de vos amies, amis, mais avec votre jeunesse, l'affection que vous me donnez, vous m'aidez, malgré mes chagrins, à poursuivre la vie, puisque voilà, j'ai atteint 75 ans !
Mon grand souhait est de pouvoir encore longtemps, vous accueillir ici.
Je vous remercie pour tout cela et vous embrasse affectueusement.
Vive la famille !!! "
Elisabeth
J'ai respecté scrupuleusement le texte, ponctuation et graphie.
Elisabeth MATHIEU est décédée le 16 octobre 2002. Elle était partie pour une semaine de vacances chez sa fille aînée Michèle à Saint-Dié des Vosges. Le soir lors du repas, elle s'est effondrée sur la table…et s'en va quelques j ours plus tard sans avoir repris connaissance...
"Nous nous sommes réunis autour de Madame MATHIEU, parents venus de loin ou de la région, amis, membres de la communauté paroissiale.
Madame MATHIEU, c'est en 1947 que vous êtes venue avec votre époux vous installer à Saint-Dizier, que vous y avez construit votre vie familiale et professionnelle.
Du quartier de la Noue, puis Notre-Dame et enfin Gigny, plus rien à Saint-Dizier ne vous était inconnu.
Vous étiez une paroissienne assidue. Nous vous rencontrions la dimanche, récemment avec une canne. Vous envisagiez une intervention chirurgicale dans les jours à venir pour vous faciliter la marche.
Nous vous admirions pour le courage avec lequel vous avez repris vos activités après le douloureux départ de Monsieur Mathieu.
Nous vous aimions pour votre ouverture aux autres, votre simplicité.Vous disiez "quand je vais en ville, je suis toujours plus longtemps que prévu car je rencontre beaucoup de gens".
Vous connaissiez beaucoup de monde, vous vous inquiétiez des uns et des autres , vous visitiez
les malades. Tout cela avec beaucoup de simplicité.
Nous vous aimions pour votre sens de la famille. Vous étiez "tante Lily" ou "Mamie Lily". A chacun vous donniez amour et tendresse. Votre esprit de tolérance, votre sens de l'accueil nous émerveillait. Dans la grande maison du Clos, tout était prévu pour recevoir enfants, petits-enfants et leurs amis. Vous étiez à l'écoute de tous. Combien de petits secrets avez-vous entendu ! Nous ne le saurons jamais !
Vous étiez présente dans la joie mais plus encore dans la peine. Lors du décès d'Albert, vous avez été un soutien inestimable pour Michèle et ses enfants.
Beaucoup témoignent
- vous avez été pour Albert la maman qu'il n'avait plus.
- lorsqu'on faisait du scoutisme avec vos filles, vous étiez à l'écoute. Avec vous , tout devenait simple
- vous avez été une épaule solide, une mamie attentive et vous étiez arrivée à être une mamie pour nous tous.
Vous êtes partie bien brutalement pour rejoindre votre époux auprès du Seigneur.
Tous ici sommes venus pour partager avec toute votre famille leur immense peine, pour vous témoigner notre amitié, notre affection et pour prier tous ensemble."
Tout est dit et en même temps comment résumer une vie à quelques lignes c'est bien peu !!!
MK S